Le Coronavirus en Arcanes

Bonjour à tous,

J’ai été victime d’un souci informatique qui a causé la perte des derniers articles… Qu’à cela ne tienne, le confinement me donne le temps de les réécrire. Ils seront donc à nouveau bientôt disponibles.

J’espère que vous êtes tous sains et saufs, à l’abri chez vous, et que vous mettez vous aussi le temps à profit pour approfondir votre connaissance du Tarot, ou pour (re)lire les livres qui vous font rêver, pour tricoter, cuisiner, bricoler, bref, j’espère que vous faites tout ce que vous aimez faire 🙂

Inspirée par une discussion sur un forum en ligne, j’ai eu envie d’analyser le Coronavirus en Arcanes. Il s’agit donc d’un tirage à lire comme une BD, avec des illustrations de Ben Gross, pour raconter une situation qui nous touche tous.

Voici comment ça se présente:

Détaillons à présent chaque Arcane

La trompette a sonné et le Jugement a hurlé: “Tadaaaaam !! Oyez braves gens ! Tout le monde se réveille de sa petite vie ! Epidémie en vue ! Covid-19 dans nos chaumières ! Il est temps de prendre conscience de certaines choses, d’assumer vos responsabilités et de faire quelques comptes. Je vais vous apporter quelques vérités qui vont attiser votre discernement, et après m’avoir écouté, vous ne verrez plus jamais les choses de la même façon. Histoire de bien réfléchir à la vie et à vos priorités, vous allez rester confinés chez vous. Au fait, est-ce vous avez quelques réserves dans le garde-manger? Car pour sauver votre peau et celle des autres, vaut mieux pas aller distribuer vos microbes au supermarché.

C’est pas fini: je vais vous expliquer quelques autres trucs. Toutes les fois où vous avez zappé le repas du dimanche chez les parents, toutes les fois où vous avez trouvé des prétextes pour ne pas visiter la grand-mère: vous allez les regretter. Car c’est peut-être pas demain la veille que vous pourrez encore leur rendre visite: ils sont vieux, fragiles, et pour autant qu’ils vivent à proximité, faire des bisous et des câlins à travers un masque chirurgical ça le fait moins…

Et au fait, maintenant que vous êtes privés de shopping, est-ce que vous vous rendrez compte que vous n’aviez pas besoin de toutes ces fringues, de ces gadgets qui servent à rien et prennent de la place? Et tant qu’on y est, les promenades avec les enfants que vous avez repoussées ou annulées pour cause de “fatigue”, elles vont vous manquer aussi. Dans la foulée, demandez-vous si c’était vraiment plus important de glander sur Facebook plutôt que d’entretenir les vraies amitiés parce que c’est pas demain la veille non plus que vous allez vous amuser avec vos potes. Attendez, j’ai pas fini, … ”

— “STOOOOOP c’est bon, le Jugement! Je vois où tu veux en venir OK? Laisse-moi réfléchir…”

— “T’as intérêt à réfléchir ma vieille” qu’il m’a répondu. Et pour t’aider à voir les choses sous un autre angle, je vais te pendre par un pied !

— “Ouch mais ça fait mal ! Et c’est très inconfortable!”

— “Ben oui mais c’est comme ça. Vas-y à présent, médite.”

Méditer… ben oui… j’ai plus que ça à faire. Entre les routines pépère qu’on adopte par la force des choses, il reste pas mal de temps pour… penser. On peut pas sortir de chez soi mais on peut toujours voyager à l’intérieur de soi-même, profondément, dans nos tripes et notre mental. Tu m’étonnes que je vois la vie différemment maintenant… Nous voilà réduits à l’impuissance confrontés à nous-mêmes mais aussi aux sautes d’humeur du conjoint, des enfants… c’est long, c’est chiant.

– “Y’a plus de Babibeeeeeeel” – “Bah non, mange une pomme” – “C’est quand que tu vas au magasin?” – “Pas aujourd’hui, ni demain, peut-être même pas avant la semaine prochaine” – “Tu peux pas en commander sur Amazon?” – “Nan, mange une pomme”.

Hé oui les gens, on est tous martyrs, victimes de notre mode de vie insensé, de la globalisation, de nos habitudes de consommation… Le loustic va se rendre compte qu’il a pas vraiment besoin de Babibel, comme moi je me rends compte que je me passe très bien de pas mal de trucs finalement…

Avec un tel examen de conscience, comme le Pendu, j’expie les mauvaises décisions, les paroles acides et les sarcasmes inutiles. Qu’est-ce que j’ai pu perdre comme temps à des conneries, au lieu de me consacrer à l’essentiel…

La Maison-Dieu me montre la destruction de mon ego, de mes constructions chimériques, de l’ego et de l’orgueil de tout le monde entier. Le Covid-19 nous touche tous sans distinction d’âge ou de classe, il s’attaque à la maison royale britannique, comme à l’ouvrier qui vit dans notre immeuble. Il détruit nos projets, nos illusions, nos rêves, nous laissant cruellement blessés et vexés.

On va oublier les rendez-vous chez le coiffeur, les restos, les compétitions sportives, les city-trips et les concerts. On aura plus l’occasion de se pavaner avec ses nouvelles fringues devant les collègues, et on ne se vantera plus de nos projets de vacances. La belle voiture restera au garage.

Bien sûr, on va quand même faire les marioles sur les rézosossios, on va prendre des selfies, partager les photos du gâteau qu’on vient de sortir du four, se bagarrer dans les commentaires des fils d’actu, mais pas longtemps. Parce que, vous comprenez, le selfie après des semaines sans aller chez le coiffeur, c’est tout de suite moins sexy. On va arrêter de faire des pâtisseries, les kilos s’accumulent. Et on va se rendre compte qu’on a toujours à faire aux mêmes ronchons sur les fils d’actu.

Il suffit d’un minuscule virus de rien du tout pour nous mettre à terre, nous rappeler qu’on est rien, qu’on est à la merci de n’importe quoi. Est-ce qu’on va devenir plus humbles?

Il le faudra car la Mort, elle aussi balaye. Nos vies, celles de nos proches, celles de gens qu’on connait moins mais dont on entend parler.

— “Tu te souviens de Madame Chose qui ne sortait jamais sans son cabas et son foulard? Elle était bien gentille. Elle disait toujours bonjour à tout le monde. La voisine vient de me prévenir: elle est morte du Coronavirus.”

— “Oui mais elle était vieille, quel âge elle avait?”

— “80 ans mais ça veut rien dire ! Jean-Marie, mon collègue de 54 ans, en bonne santé, j’te jure, il est parti… comme ça… je lui avais encore téléphoné samedi, il n’était pas bien. Sa femme l’a emmené aux urgences et puis lundi il est mort”

— “C’est en Italie que c’est le plus terrible, là-bas on enterre même plus les gens, c’est l’armée qui vient enlever les corps pour les emmener dans des crématoriums”

— “Ca va se produire chez nous aussi vous savez, vous allez voir dans quelques semaines !”

Je me sens triste pour Madame Chose. C’est vrai qu’elle était gentille. Jean-Marie aussi, un gars bien sympa, qui aurait cru qu’il se ferait choper comme ça…

Et puis, comment voulez-vous faire la part des choses? La Lune nous plonge dans une autre forme d’illusions: celle des films, des romans, des mensonges et des non-dits. Elle nous transforme en marionnettes, joue avec nos émotions et nos croyances, déchaîne notre imaginaire et entretient notre confusion.

Dans cette UE soi-disant forte et civilisée, il n’y a même plus de fabricants de masques… Mais on s’en fout les masques ça sert à rien ! Ah mais si quand même, puisqu’en Autriche on en distribue aux gens qui vont faire leurs courses, et puis en Chine, au Japon, en Corée, c’est obligatoire. Mais puisqu’on vous dit que ça sert à rien ! Mais si, mais si, d’ailleurs le gouvernement en commande dare-dare, mais le matos n’arrive pas. Il est volé par les mafias, par les états eux-mêmes. Ou bien il arrive mais n’est pas aux normes. Alors on propose aux citoyens de fabriquer leurs masques, car un masque maison c’est quand même mieux que rien. Alors ça sert à quelque chose finalement?

La chloroquine du Dr Raoult, ça marche. Non, ça ne marche pas. Si ,ça marche. Oui mais on ne connait pas les effets à long terme… Si on les connaît, ce médicament est prescrit depuis 70 ans… Oui mais non, ça marche pas.

Avec tout ce marasme, comment voulez-vous que le Diable ne pointe pas le bout de son nez?

Lui le grand égoïste qui place ses intérêts et ses désirs au-dessus de tout le reste. Lui qui est de toutes les magouilles, de celles des labos pharmaceutiques et des politiciens véreux, jusqu’à celles de Georgette qui a rempli sa chambre d’amis de rouleaux de PQ pour les revendre au marché noir, ou de Momo qui fracasse les voitures des infirmiers pour voler leurs masques et leurs désinfectants.

Le Diable se sent tout à fait à l’aise. C’est open bar pour lui, sa séduction n’aura jamais été aussi forte, ses tentations n’auront jamais été aussi… tentantes. Mais pour ceux qui savent les dominer, le Diable sera aussi un révélateur qui les aidera à repousser leurs limites… et à s’en affranchir.

Le Monde, enfin, à considérer sous deux angles.

Tout d’abord sous l’angle du virus, parce qu’il s’est répandu sur l’entièreté du globe, parce qu’il atteindra son pic où qu’il soit, et qu’il réclamera son quota de victimes partout où il s’imposera.

Ensuite, sous notre angle à nous: notre monde a connu son apogée, nous sommes arrivé à la fin d’un cycle, d’un accomplissement… Nous avons atteint un state, un rythme indépassable, tellement intenable qu’il suffit d’un petit virus invisible à l’oeil nu pour initier notre déclin. Comment sera l’après? Comment vivrons nous la transformation qui est en train d’avoir lieu? Deviendrons-nous meilleurs? La question reste ouverte…

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